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WordPress dévoile une nouvelle orientation stratégique : rendre sa plateforme pleinement compatible avec les agents d’intelligence artificielle, tout en préservant son architecture ouverte. L’objectif ? Permettre à ces agents d’interagir directement avec les contenus, les fonctionnalités et les plugins, sans intégrer l’IA générative au cœur du CMS.
Dans une interview accordée à Wordpress, James LaPage, responsable de l’ingénierie IA chez Automattic, détaille cette vision. Selon lui, « WordPress peut devenir une fondation essentielle du web ouvert à l’ère de l’IA, un espace où l’expression numérique reste possible — lisible par les humains comme par les machines. »
WordPress, en retard sur l’IA… mais pour de bonnes raisons
Face aux plateformes concurrentes comme Wix, Shopify ou Duda, qui ont déjà intégré des outils d’IA générative, WordPress semble à la traîne. Pourtant, ce retard est assumé. James LaPage insiste sur la prudence nécessaire face à un domaine aussi mouvant. Pour lui, l’écosystème de l’IA évoluait trop vite jusqu’à récemment pour justifier une intégration stable dans un projet aussi massif que WordPress.
Ce n’est que maintenant que les bases techniques deviennent assez claires pour envisager une approche cohérente, sans compromettre les valeurs fondatrices du CMS. Le choix d’Automattic est donc de ne pas intégrer directement d’IA dans le cœur du logiciel, mais de construire une architecture permettant aux développeurs de connecter leurs propres systèmes IA — dans le respect du fonctionnement natif de WordPress.
Une vision : WordPress comme socle d’interaction pour les agents IA
James LaPage imagine un avenir où WordPress ne serait plus seulement une plateforme de publication pour humains, mais aussi une infrastructure lisible et activable par des intelligences artificielles. L’idée : permettre à des agents IA d’accéder directement aux contenus, de comprendre les fonctionnalités disponibles, et d’interagir dynamiquement avec l’écosystème WordPress.
À l’heure où de plus en plus de contenus sont consommés via des chatbots ou des interfaces automatisées, cette évolution est stratégique. Elle permettrait à WordPress de rester au cœur du web ouvert, en offrant aux IA une porte d’entrée structurée, standardisée, et interopérable. Elle préserverait surtout la capacité d’expression individuelle, même dans un monde de contenus lus ou diffusés par des machines.
MCP et Feature API : les briques techniques d’une nouvelle ère
Pour concrétiser cette vision, l’équipe IA de WordPress s’appuie sur deux piliers techniques : le Model Context Protocol (MCP) et la Feature API.
MCP est une norme ouverte qui permet à un logiciel d’exposer ses fonctionnalités aux agents IA. Concrètement, il s’agit de définir ce qu’un agent peut lire, exécuter ou déclencher dans un environnement donné. Cette approche, indépendante de tout langage ou implémentation spécifique, vise à faciliter la création d’agents capables d’interagir de manière fiable avec des systèmes complexes comme WordPress.
En parallèle, la Feature API permet aux développeurs de plugins WordPress de rendre leurs fonctionnalités nativement accessibles à l’IA, sans réinventer l’architecture existante. L’idée est de tirer parti de l’existant — types de contenus, permissions, endpoints — pour créer une interface unifiée, que les agents pourront interroger ou exploiter.
Ces outils pourraient, à terme, permettre à un agent IA de naviguer dans une installation WordPress comme un utilisateur expert : lire des articles, extraire des données, déclencher des actions — voire générer des structures entières à la volée.
Ce qu’il faut retenir
- WordPress ne cherche pas à intégrer l’IA générative au cœur de son CMS.
- L’objectif est de rendre la plateforme lisible et actionnable par des agents IA.
- Le protocole MCP offre un cadre ouvert pour exposer des fonctionnalités aux intelligences artificielles.
- La Feature API permet aux développeurs de rendre leurs plugins compatibles avec cette logique.
- Cette évolution repositionne WordPress comme une base solide pour le web ouvert à l’ère post-SERP.
- Les créateurs de contenu devront bientôt penser à la lisibilité machine autant qu’à la lisibilité humaine.