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Repenser le SEO à l’ère du Relevance Engineering

par Jordan Belly
Relevance engineering (2)

Depuis 2023, un glissement sémantique s’opère discrètement dans les discours autour du SEO. Moins de « mots-clés », plus de « pertinence ». Moins de balises, plus de structures. Et dans les coulisses de Google, un concept gagne en poids : le relevance engineering, ou ingénierie de la pertinence.

Cette notion, encore peu connue en France, remet en cause les fondements du SEO classique. Elle pose une question centrale : et si Google ne cherchait plus seulement à indexer du contenu, mais à en comprendre le sens profond, dans un cadre vectoriel et adaptatif ?

À l’heure des modèles de langage, de la recherche générative et de l’IA sémantique, l’enjeu n’est plus d’optimiser une page pour un mot-clé… mais de la rendre lisible pour un système cognitif, fluctuant, entraîné en continu.

Ce n’est pas une révolution du SEO. C’est une métamorphose. Et elle a déjà commencé.

Relevance Engineering : de quoi parle-t-on vraiment ?

L’expression Relevance Engineering a émergé dans le sillage des travaux de Mike King (iPullRank), qui fut l’un des premiers à poser cette notion comme un changement de paradigme dans la façon dont les moteurs de recherche — et en particulier Google — déterminent ce qu’est un contenu pertinent. Lors de l’édition 2024 de SMX Advanced, il déclarait :

« Nous devons arrêter de penser le SEO comme une série de règles fixes. Ce qui compte, c’est la capacité d’un contenu à rester pertinent dans un contexte mouvant. »

Définition et origine

La relevance engineering ne se limite pas à optimiser pour un mot-clé ou une balise : elle désigne l’ensemble des pratiques permettant de structurer l’information pour qu’un moteur de recherche comprenne la relation sémantique entre les concepts, dans un environnement évolutif.

Elle repose sur l’idée que la pertinence est calculée, interprétée, modélisée — non plus simplement déduite à partir d’une répétition de termes.

Un glissement vers les modèles dynamiques

Avec l’intégration du machine learning puis du deep learning dans la stack algorithmique de Google (notamment avec RankBrain, puis BERT, MUM et plus récemment Search Generative Experience), le moteur s’est mis à raisonner en vecteurs, non plus en mots.

Ce que cela signifie concrètement :

  • Un contenu n’est plus jugé uniquement sur sa correspondance littérale avec une requête.
  • Mais sur la similarité conceptuelle qu’il entretient avec l’intention perçue derrière cette requête.

Cette bascule sémantique est d’ailleurs confirmée par des ingénieurs de Google eux-mêmes, comme Pandu Nayak (VP Search), qui affirmait dans une interview à Search Engine Land en 2023 :

« Nous ne cherchons pas les bons mots, nous cherchons la bonne réponse. »

Pourquoi le SEO « classique » décroche

Le SEO tel qu’on l’a connu pendant des années — fondé sur le choix des bons mots-clés, l’optimisation des balises et une certaine « recette » on-page — montre aujourd’hui ses limites. Cela ne signifie pas que ces leviers sont inutiles, mais leur poids relatif dans l’algorithme de Google décroît face à de nouveaux signaux plus complexes.

Le déclin du poids exact des mots-clés

Pendant longtemps, la correspondance exacte entre la requête de l’utilisateur et le contenu d’une page était centrale. Aujourd’hui, cette logique est progressivement remplacée par une analyse de l’intention, appuyée par les progrès du NLP (traitement automatique du langage) et les modèles comme BERT ou MUM.

Le résultat :

  • Une page peut se positionner sans reprendre exactement les termes tapés.
  • L’algorithme favorise les formulations naturelles et variées plutôt que les répétitions forcées.

Le consultant américain Kevin Indig évoque ainsi un « glissement de l’optimisation vers l’interprétation », soulignant que « Google n’a plus besoin qu’un mot soit présent pour en comprendre le sens » (Tech Bound, 2024).

La fin des balises « magiques »

Autre symptôme : l’efficacité décroissante de certains attributs techniques isolés. La présence d’un mot-clé dans une balise <title> ou <h1> est aujourd’hui intégrée dans un ensemble plus large de signaux. C’est leur cohérence globale qui compte — et non leur simple existence.

Même constat du côté de la meta description, dont l’impact direct sur le ranking est désormais nul (confirmé par John Mueller en 2023), mais dont l’influence sur le taux de clic (CTR) reste stratégique.

L’importance croissante du comportement utilisateur

Enfin, l’une des évolutions les plus notables reste l’attention accrue portée aux signaux comportementaux. Si Google reste prudent sur la pondération exacte de ces critères, de nombreux indices convergent vers une prise en compte du taux de clic sur les SERP (CTR), du temps passé sur une page ou dans une session, des retours rapides aux résultats (pogo-sticking), et de la capacité d’un contenu à engager ou à satisfaire l’utilisateur.

Ces signaux sont parfois appelés « engagement metrics » et apparaissent de plus en plus dans les études corrélatives, comme celles de SISTRIX, Ahrefs ou SparkToro.

Comme l’écrit Rand Fishkin : « Ce n’est pas ce que vous écrivez qui compte le plus, mais ce que les gens en font. »

Vers un SEO d’ingénierie sémantique

Face à des algorithmes qui ne se contentent plus d’indexer des mots mais cherchent à comprendre des intentions et des relations, le SEO s’oriente désormais vers une forme d’ingénierie sémantique.

Une évolution naturelle, rendue nécessaire par l’arrivée des modèles de langage avancés et de l’IA générative.

Structuration logique des idées

Les moteurs ne lisent plus page par page, balise par balise. Ils cartographient des ensembles d’idées, évaluent leur logique, leur articulation, leur hiérarchie. La lisibilité sémantique devient alors aussi cruciale que la lisibilité humaine.

Comme l’explique Mike King dans son intervention à SMX Advanced 2025, « il ne s’agit plus d’optimiser un document, mais de structurer un graphe d’intentions et de réponses ». Chaque page est perçue comme un nœud dans une toile thématique plus large.

Liens contextuels, cooccurrences, chaînes de pertinence

Dans cette logique, les liens internes ne sont plus de simples moyens de navigation. Ils participent à la transmission d’un contexte. Google valorise les pages capables de s’inscrire dans une chaîne de pertinence (relevance chain), où chaque maillon enrichit le précédent.

De même, la répétition mécanique d’un mot-clé cède la place à l’usage naturel de cooccurrences, ces termes qui apparaissent statistiquement autour d’un sujet donné (ex. : « balisage », « crawlabilité », « entités » dans un contenu sur le SEO technique).

Notion de vectorisation du contenu (embeddings)

La grande bascule, invisible mais fondamentale, réside dans le passage du texte au vecteur.

Chaque mot, phrase, ou page est désormais représenté comme une suite de nombres dans un espace multidimensionnel — les embeddings. C’est sur cette base que Google compare, relie, regroupe ou isole des contenus.

Le concept est complexe, mais ses conséquences sont claires :

  • Deux textes peuvent être jugés proches sans partager un seul mot identique,
  • La reformulation naturelle est valorisée,
  • La cohérence interne et la densité sémantique deviennent des atouts.

Comme le résume Will Critchlow (SearchPilot, 2025), « il ne suffit plus d’écrire sur un sujet : il faut en incarner le spectre lexical et relationnel ».

Quel impact sur les pratiques ?

Ce glissement vers une logique vectorielle et relationnelle impose une révision en profondeur des méthodes SEO. Il ne s’agit plus de « produire pour Google », mais de rédiger pour des systèmes d’interprétation complexes, capables d’analyser l’intention, la structure, et la clarté relationnelle d’un texte.

Moins de contenu « optimisé » pour Google, plus de contenu lisible pour des IA

L’époque où l’on pouvait monter en position grâce à des pages formatées pour des mots-clés précis est en voie de disparition. Aujourd’hui, un contenu mal rédigé, mais bourré de bons mots-clés, sera rapidement écarté au profit d’un texte bien structuré, riche sémantiquement, et lisible tant pour les humains que pour les machines.

Comme le souligne Mike King (iPullRank), « les LLM ne lisent pas comme nous, mais ils cherchent des connexions logiques. Il faut donc écrire pour être interprété correctement, pas juste indexé ».

Attention à la qualité relationnelle et à la lisibilité conceptuelle

Les contenus trop denses, mal hiérarchisés, ou truffés d’ambiguïtés peinent à « faire sens » dans un monde vectorisé. À l’inverse, un article fluide, qui anticipe les raisonnements, explicite les enchaînements logiques et pose clairement ses définitions, sera mieux intégré dans les réseaux sémantiques utilisés par les moteurs.

La qualité relationnelle — entre les idées, les paragraphes, les documents — devient alors centrale.

L’UX et le contenu se rapprochent encore plus

Le SEO n’est plus un simple levier d’acquisition : il devient un prolongement de l’expérience utilisateur. Structure claire, navigation fluide, formatage logique, intertitres informatifs, liens utiles, tout cela contribue désormais autant à la lecture humaine qu’à l’interprétation algorithmique.

Le « bon SEO » ne s’écrit plus contre l’utilisateur, mais avec lui.

Et maintenant ? Faut-il changer de méthode ?

Face à ces mutations profondes, la réponse est sans ambiguïté : oui, il faut adapter sa méthode. Pas en abandonnant le SEO, mais en le repensant comme une discipline hybride, à la croisée de l’éditorial, de la technique et de la stratégie d’information.

Vers une approche éditoriale + technique mêlée

Le SEO moderne exige une double compétence :

  • éditoriale, pour structurer des idées claires, riches, logiques, utiles
  • technique, pour faciliter l’interprétation par les moteurs via un balisage sémantique propre, une architecture claire, et des performances solides

Cela implique de soigner autant les embeddings que les sitemaps, les intentions de recherche que le code HTML.

Importance du formatage logique et du balisage sémantique

Le contenu doit être pensé comme un ensemble relationnel cohérent. Chaque section, chaque lien interne, chaque ancrage doit faire sens dans une cartographie sémantique plus vaste. Google ne lit plus simplement une page ; il interprète son rôle dans un réseau de sens.

Le balisage (<article>, <section>, <h2>, <aside>, etc.) n’est pas anecdotique : c’est un langage de dialogue avec les IA.

Moins de SEO, plus de stratégie de lisibilité IA et humaine

Finalement, ce n’est pas le SEO qui disparaît : c’est son périmètre qui s’élargit. Il ne s’agit plus de « ranker » pour Google, mais de s’assurer d’être compris, contextualisé, relayé et repris dans un écosystème d’IA, de SERP enrichies, de Discover, de Gemini et consorts.

Le bon contenu est désormais celui qui se lit bien, se comprend vite, se connecte logiquement.

Les points clés à retenir

Sur l’évolution du SEO :

  • Le SEO est en mutation profonde sous l’effet des IA génératives et des nouveaux critères de pertinence.
  • Les mots-clés perdent de leur poids au profit de la compréhension sémantique globale des contenus.
  • La notion de « relevance engineering » pousse à penser ses contenus comme des réseaux d’idées connectées.

Sur les nouvelles priorités :

  • L’UX, la lisibilité et la structure logique deviennent des leviers SEO majeurs.
  • Le référencement ne peut plus être dissocié d’une stratégie éditoriale claire et cohérente.
  • Les contenus doivent être utiles, bien formatés, interconnectés et compréhensibles pour des humains comme pour des IA.

Sur la méthode :

  • Le SEO technique garde toute son importance mais s’intègre désormais à une approche plus globale.
  • La stratégie gagnante repose sur la clarté, la qualité relationnelle et la capacité à être compris dans un environnement algorithmique complexe.
  • Il ne s’agit plus seulement d’optimiser pour Google mais de se rendre lisible, crédible et visible dans un web piloté par l’IA.

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