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Google a effectué la plus importante réduction de son Knowledge Graph en une décennie en juin 2025, avec plus de 3 milliards d’entités supprimées en une semaine. Jason Barnard de Kalicube, qui suit ces données depuis 2015, qualifie cette opération de « grand nettoyage de clarification ».
Le Knowledge Graph : fondation de l’IA Google
Le Knowledge Graph constitue la base de données encyclopédique de Google. Il référence des milliards d’entités (personnes, lieux, entreprises, événements…) et leurs relations. Barnard explique qu’il forme le « cœur de vérification des faits de la trinité algorithmique de Google » et alimente des fonctionnalités comme les Knowledge Panels, AI Overviews et Google Learn About.
Cette base de connaissances différencie Google de ses concurrents dans la course à l’IA conversationnelle, aucun autre géant technologique ne disposant d’un système comparable.
Contraction historique du Knowledge Graph
Depuis 2015, Google a instauré une tradition annuelle de mises à jour majeures du Knowledge Graph en été. En 2025, l’entreprise a rompu avec cette habitude en procédant à deux vagues de nettoyage à quelques semaines d’intervalle, ce qui illustre l’importance stratégique accordée à la clarification.
La réduction s’est déroulée en deux étapes, les 13 et 20 juin 2025, qui ont représenté une contraction de 6,26 % du graphe de connaissances. Cette contraction contraste avec la croissance régulière de 2,79 % observée entre mai 2024 et mai 2025. En une semaine, Google a effacé l’équivalent de deux fois les ajouts nets de l’année précédente.
Barnard interprète cette opération comme un mouvement anti-accumulation délibéré, pour privilégier la qualité et la confiance sur le volume brut.
Trois axes de suppression identifiés
1. Réduction massive des entités événementielles
La catégorie événement a chuté de 76,91 %.
Barnard explique cette baisse comme un retour à la normale post-pandémie : entre 2020 et 2022, Google avait suralimenté cette catégorie pour refléter les annulations, reports et événements en ligne liés au COVID-19.
Il observe que les webinaires de son équipe étaient ajoutés comme entités en moins de 15 minutes, avant d’être supprimés presque aussitôt. La durée de vie moyenne d’une entité événementielle est ainsi passée de 839 jours avant COVID à seulement 124 jours après 2020.
Cette réactivité extrême étant devenue inutile, Google a désactivé ce mode d’enrichissement temporaire.
2. Élimination des entités “chose” ambiguës
Barnard considère ce volet comme le plus significatif : la catégorie générique chose a reculé de 15,27 %, soit environ 8 milliards d’entités supprimées.
Il explique que chose servait souvent de catégorie “fourre-tout” dans le système de multitypage. Après avoir vérifié manuellement 10 000 entités, il constate que Google réserve désormais cette étiquette aux concepts réellement inclassables.
Conséquence : la proportion d’entités uni-typées (attribuées à un seul type, non ambigu) est passée de 23,9 % à 28,7 %. C’est un signe clair que Google privilégie une taxonomie plus rigoureuse et plus fiable.
3. Clarification des entités personnelles
Enfin, Google a renforcé la définition univoque des entités “personne”. La confiance algorithmique qu’une entité soit uniquement une personne est passée de 70,16 % à 76,78 %.
Barnard relie cette évolution au renforcement des signaux E-E-A-T (Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness) : Google supprime désormais les classifications secondaires (ex. “entrepreneur”, “marque”, “œuvre”…) pour éviter toute ambiguïté dans la catégorisation des individus.
Durant la COVID-19, Google avait massivement intégré les événements pour aider les utilisateurs à naviguer les annulations et événements en ligne. Barnard observe que les webinaires de son équipe étaient ajoutés comme entités dans les 15 minutes suivant leur publication, puis supprimés peu après.
La durée de vie moyenne des entités événementielles est passée de 839 jours avant COVID à seulement 124 jours après mars 2020. Cette réactivité temporaire étant devenue injustifiée, Google a « éteint la réactivité événementielle ».
Implications pour les marques
Barnard insiste sur le fait que la clarté constitue désormais le seul point d’entrée dans le Knowledge Graph. Il compare l’IA à “un enfant désireux de plaire” : face à des signaux contradictoires, elle se brouille et perd confiance.
La métaphore de la chambre rangée
Selon Barnard, Google est en train de “ranger activement la chambre” du bas de l’entonnoir et d’éliminer toute marque générant de l’ambiguïté.
Une empreinte claire, cohérente et sans contradictions dans le Knowledge Graph est désormais le seul chemin vers une présence forte dans “l’esprit algorithmique” de Google.
Seconde vague de nettoyage
Le 11 août 2025, Google a lancé une seconde opération de clarification en une seule journée, se concentrant cette fois sur les entités de corporations, organisations et marques.
Stratégie pour l’optimisation IA
Barnard recommande aux SEO et aux marques de fonder leur stratégie sur des entités stables :
- Marques corporate,
- Identités personnelles,
- Gammes produits.
Plutôt que de courir après les dernières fluctuations algorithmiques, il conseille de bâtir sur la cohérence et l’autorité.
Dans la course aux moteurs d’assistance IA, le Knowledge Graph est devenu un avantage compétitif direct. Aucun autre acteur du Big Tech ne dispose d’une base équivalente ; Google investit donc dans sa précision plus que dans son volume.
Cette logique s’inscrit dans une vision moderne du SEO : la clarté d’identité et la construction d’autorité prennent le pas sur les tactiques techniques traditionnelles.