Accueil GEO et IA Trafic IA : pages commerciales favorisées, contenu informatif relégué

Trafic IA : pages commerciales favorisées, contenu informatif relégué

par Jordan Belly
Robot ai

80 % du trafic IA se concentre sur trois types de pages : outils gratuits, pages produits et homepage. Cette répartition, analysée par Patrick Stox sur le site Ahrefs, révèle une logique différente de la recherche traditionnelle et questionne le discours officiel des moteurs sur la « qualité du contenu ».

L’analyse porte sur 0,5 % du trafic total d’Ahrefs (juin 2025), soit plusieurs milliers de visites depuis ChatGPT, Perplexity et autres assistants IA (source complète). Les résultats bousculent les idées reçues sur l’optimisation IA.

Répartition du trafic IA : l’utilitaire prime

Contrairement à Google qui envoie massivement vers les articles de blog et guides, les IA dirigent prioritairement vers des pages à valeur pratique immédiate.

Distribution observée :

  • Outils gratuits : 36,45 % (calculateurs et analyseurs gratuits),
  • Pages produits : 23,12 % (présentation des services Ahrefs),
  • Homepage : 20,41 % (page principale de la marque),
  • Contenu informatif : part minoritaire (articles, guides et études).

Ahrefs publie quotidiennement des études SEO reconnues dans l’industrie, mais les IA recommandent massivement ses outils pratiques plutôt que son expertise éditoriale. Cette tendance suggère que les assistants IA privilégient les solutions directes aux problèmes plutôt que l’apprentissage.

Phénomène des pages hallucinées

Les IA inventent parfois des URLs qui n’existent pas, ce qui crée un trafic vers nulle part.

3,6 % du trafic dirigé vers des pages inexistantes créées de toutes pièces par les IA (principalement ChatGPT). Exemple : un utilisateur demande « outil analyse backlinks Ahrefs », ChatGPT invente l’URL « /backlink-analyzer-pro » qui n’existe pas sur le site.

Ces visiteurs arrivent sur des pages d’erreur 404, ce qui génère de la frustration et des opportunités manquées. Stox recommande de rediriger automatiquement ces URLs fantômes vers des pages pertinentes dès 10 visites mensuelles.

Comparaison avec la recherche traditionnelle

Quand on compare page par page, certains types de contenus gagnent avec les IA, d’autres perdent par rapport à Google classique.

Pages qui surperformant avec les IA :

  • Pages produits et homepage : les IA recommandent plus souvent la marque Ahrefs directement.
  • Contenu informatif : même si minoritaire, il représente une part plus importante qu’attendu.

Pages qui sous-performent avec les IA :

  • Outils gratuits : bien qu’ils dominent le trafic IA (36 %), ils captent proportionnellement moins que sur Google.
  • Recherche programmatique : pages générées automatiquement quasi-absentes du trafic IA.

Les IA agissent comme des recommandeurs de marque, privilégiant la notoriété d’Ahrefs plutôt que ses contenus spécifiques. C’est l’inverse de Google qui dirige massivement vers les articles détaillés.

Déficit international majeur

Les IA négligent massivement les contenus non-anglais, ce qui crée un fossé linguistique préoccupant.

Répartition géographique :

  • Recherche Google classique : 22,2 % du trafic vers pages non-anglaises.
  • Recherche IA : seulement 3,1 % vers pages non-anglaises.

Soit les utilisateurs non-anglophones utilisent peu les assistants IA, soit ces systèmes ont été entraînés prioritairement sur du contenu anglais. Cette sous-représentation massive pénalise les stratégies multilingues et limite l’accessibilité globale de l’information.

Limites méthodologiques à considérer

L’étude, bien qu’éclairante, présente des biais inhérents :

  • Problèmes de tracking : le trafic IA est sous-évalué faute d’attribution correcte.
  • Échantillon spécifique : Ahrefs (outil SEO B2B) n’est pas représentatif de tous les secteurs.
  • Volume marginal : 0,5 % du trafic total limite la significativité statistique.
  • Promotion produit : l’étude valorise implicitement Ahrefs Web Analytics comme solution.

Implications stratégiques

Ces données remettent en question les conseils traditionnels de Google et Bing. Suivre le « créez du contenu de qualité » ne garantit plus la visibilité dans l’écosystème IA.

  • Changement de priorités : les IA recommandent l’utilité directe (outils et produits) plutôt que la valeur éducative (guides et études). Cette logique inverse les investissements SEO traditionnels.
  • Avantage aux marques établies : les pages commerciales surreprésentées confirment que les IA privilégient la notoriété sur l’expertise ponctuelle.
  • Question coût/bénéfice : faut-il continuer à investir massivement dans le contenu informatif si les IA en réduisent la portée ? L’analyse suggère de rééquilibrer vers plus d’outils pratiques et moins de contenu éducatif pur.

Avec seulement 0,5 % du trafic total mais une logique de distribution radicalement différente, la recherche IA redéfinit déjà les priorités de visibilité. Les entreprises qui développeront des solutions directes plutôt que du contenu informatif prendront l’avantage dans cet écosystème IA naissant.

À découvrir également