Sommaire
L’IA ne vous lit pas : elle vous résume. Elle ne vous visite pas : elle vous cite — parfois mal, souvent à côté. Dans ce nouveau paysage, les moteurs de recherche ne renvoient plus systématiquement vers les sites. Ils génèrent des réponses. Et vous, éditeur, entreprise ou créateur de contenus, vous devenez une matière première.
Dans ce contexte, LLMS.txt s’impose comme un levier discret mais stratégique. Il ne bloque rien. Il oriente. Il ne remplace pas robots.txt, il ne complète pas sitemap.xml — il assume une fonction nouvelle : désigner à l’IA les contenus les plus lisibles, fiables, et « citables ». C’est une carte au trésor, que vous tracez vous-même, pour reprendre la main sur ce que les IA perçoivent de votre site.
Ce n’est pas un gadget SEO. C’est une déclaration d’intention dans un monde où les réponses prennent le pas sur les liens.
Inspiré librement de l’article de Carolyn Shelby publié sur Search Engine Land, le 5 juin 2025 : « LLMS.txt isn’t robots.txt: It’s a treasure map for AI »
Les IA ne cherchent pas, elles répondent
Pendant longtemps, le SEO consistait à rendre son site trouvable par les moteurs de recherche. On optimisait pour Googlebot, on attendait d’être indexé, on espérait être bien classé. Ce temps-là n’est pas fini — mais un autre est déjà là.
Aujourd’hui, les grands modèles de langage (LLM) comme ChatGPT ou Perplexity ne cherchent pas dans Google. Ils répondent. Directement. Et leurs réponses ne s’appuient pas uniquement sur l’index des moteurs classiques, mais sur ce qu’ils comprennent, digèrent, synthétisent… en temps réel.
Ce changement a une conséquence majeure : vos pages web ne sont plus l’aboutissement d’une recherche, elles sont une source d’inspiration algorithmique. Si elles sont mal structurées, trop creuses, ou tout simplement trop invisibles dans la masse, elles ne seront pas prises en compte — ou mal citées, voire plagiées sans que vous ne le sachiez.
C’est là que LLMS.txt entre en jeu. Il ne s’adresse pas à un moteur de recherche classique, mais à l’IA qui génère une réponse, au moment où l’utilisateur la lit.
À quoi sert un fichier LLMS.txt ?
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, LLMS.txt n’est ni un robots.txt bis, ni un nouveau sitemap.xml. Ce n’est pas un outil de blocage, ni un plan d’ensemble. C’est un fichier de curation, pensé pour guider l’intelligence artificielle au moment de la génération d’une réponse — pas avant.
Objectif : signaler aux IA les pages de votre site les plus claires, les plus fiables, les plus digestes. Celles que vous jugez dignes d’être citées.
Quand un modèle comme Perplexity ou ChatGPT parcourt le web en temps réel, il n’a pas besoin d’un index exhaustif. Il cherche de l’information structurée, pertinente, facilement interprétable. C’est l’inférence, et LLMS.txt vous permet d’y participer activement.
Un fichier pour les aider à trouver le bon contenu, au bon moment
- LLMS.txt est un fichier texte, placé à la racine de votre domaine (
https://votresite.com/llms.txt
). - Il répertorie manuellement les URL de votre site qui sont optimisées pour les modèles de langage.
- Il peut être structuré en markdown, avec des titres, des descriptions, et des catégories.
En clair, vous sélectionnez vos pépites, vous les organisez avec soin, et vous les présentez à l’IA sur un plateau. Cela n’a rien à voir avec la gestion du crawl ou de l’indexation : c’est une aide à l’interprétation, au service des modèles qui génèrent des réponses, pas des moteurs qui classent.
Pourquoi ce fichier devient important
La recherche ne repose plus uniquement sur l’indexation classique. Désormais, les moteurs à base d’IA vont chercher l’information en temps réel, au moment où la question est posée. Ce changement de paradigme redéfinit le rôle de vos contenus.
Quand un utilisateur interroge Perplexity, ChatGPT ou un autre moteur alimenté par un LLM, le modèle n’attend pas que votre page soit bien classée : il explore, analyse et extrait l’information directement depuis le web ouvert. Et pour cela, il a besoin de repères fiables.
LLMS.txt entre en jeu ici : il ne dit pas « ce que vous avez », mais « ce qui mérite d’être vu ».
En pointant les pages les plus lisibles, les plus structurées et les plus informatives de votre site, vous :
- Améliorez vos chances d’être cité en réponse,
- Influencez le parcours d’exploration du modèle,
- Evitez que l’IA passe à côté d’une page précieuse enterrée dans l’arborescence.
Autrement dit, vous cessez de dépendre de la chance ou du maillage interne, et vous commencez à piloter activement l’exposition de vos meilleurs contenus aux intelligences artificielles.
Comment structurer un bon fichier LLMS.txt
Contrairement aux idées reçues, LLMS.txt n’est ni un fichier d’exclusion (comme robots.txt), ni un plan de site exhaustif (comme sitemap.xml). C’est un document de curation. Il signale aux IA les contenus réellement dignes d’attention — lisibles, fiables, bien structurés.
Ce fichier se place à la racine du site (https://votresite.com/llms.txt
) et adopte une structure volontairement simple, rédigée en markdown :
1. Un titre de niveau H1
Commencez par un titre clair (#
) pour identifier le site ou la ressource présentée.
2. Une courte description en bloc de citation
Utilisez le symbole >
pour introduire le fichier et expliquer son objectif (par exemple : « Cette sélection regroupe nos contenus les plus utiles pour les IA génératives. »).
3. Une ou plusieurs sections H2 pour regrouper les liens
Chaque section ##
peut porter un nom libre (par thème, type de ressource, niveau d’autorité…).
4. Des liens au format markdown
Un lien par ligne, avec titre et URL. Vous pouvez ajouter une description courte après deux-points.
Exemple :
## Guides pratiques
- [Réparer une fuite sur toit plat](https://votresite.com/toit-plat-fuite) : Tutoriel complet pour identifier et réparer une fuite sur toit plat.
- [Contester une indemnisation assurance](https://votresite.com/assurance-indemnisation) : Modèle et conseils pour une contre-expertise efficace.
5. Une section « Optional » (facultative)
Si vous souhaitez inclure des contenus de second plan, utilisez une section intitulée ## Optional
. Les modèles peuvent alors choisir de l’ignorer selon leur contexte d’analyse.
6. Pas d’excès
N’ajoutez pas tout votre site. Ciblez les contenus :
- Durables (non liés à l’actu immédiate),
- Compréhensibles isolément,
- Structurés selon les principes du content design,
- Porteurs d’E-E-A-T.
Contenu « LLM-friendly » : ce que les IA comprennent vraiment
Derrière le fichier LLMS.txt se cache une exigence plus vaste : produire des contenus réellement lisibles par les IA génératives. Autrement dit, créer des pages capables d’être comprises, citées et utiles au moment de l’inférence. Ce n’est pas une question de balisage technique. C’est une affaire de lisibilité, de structure et de clarté.
Voici les principaux critères à respecter :
1. Des paragraphes courts et hiérarchisés
Les IA comme ChatGPT ou Perplexity privilégient les structures en blocs. Privilégiez des paragraphes de 3 à 5 lignes, organisés autour de titres H2 et H3 explicites.
2. Une thématique bien délimitée
Chaque page référencée dans LLMS.txt doit répondre à une intention claire : un problème, une question, une démarche précise. Exit les pages généralistes ou trop promotionnelles.
3. Des éléments facilement exploitables
Listes, tableaux, définitions, étapes numérotées… ces formats sont facilement identifiables et mobilisables par les IA. Ils augmentent la probabilité d’être cités dans une réponse générée automatiquement.
4. Une navigation sobre
Évitez les pop-ups, overlays et contenus dynamiques intrusifs. À l’inférence, ces éléments peuvent masquer ou désorganiser le contenu. Pensez en priorité à la version visible sans interaction.
5. Une écriture utile et directe
Les formulations doivent être limpides. Privilégiez les phrases affirmatives, les expressions fonctionnelles (« Comment… », « Étapes pour… », « À retenir… ») et les conclusions synthétiques.
En somme, un bon contenu LLM-friendly, c’est un contenu qui pourrait être cité intégralement dans une réponse générée, sans nécessiter de contexte supplémentaire.
Faut-il inclure la page d’accueil dans un fichier LLMS.txt ?
C’est souvent la première question que l’on se pose… et la réponse n’est pas si évidente. En théorie, la page d’accueil est la vitrine de votre site. Mais du point de vue d’une IA, c’est rarement la plus pertinente pour répondre à une question précise.
La home : un carrefour, pas une réponse
La page d’accueil regroupe souvent des appels à l’action, du branding, des actualités… mais peu de contenus « inférables ». Pour un modèle génératif, elle ne contient pas nécessairement de matière exploitable. Elle oriente, elle contextualise, mais elle ne répond pas directement.
Des exceptions existent
Certains sites ont fait de leur page d’accueil un hub éditorial structuré, avec des extraits d’articles, des blocs thématiques hiérarchisés, des définitions. Dans ce cas précis, la home peut être considérée comme un point d’entrée légitime pour LLMS.txt.
Notre recommandation
Ne l’incluez que si elle répond aux mêmes critères que vos autres contenus optimisés pour l’inférence :
- Texte structuré et explicite,
- Informations concrètes (pas uniquement du marketing),
- Capacité à être comprise et citée sans détour.
Sinon, mieux vaut diriger les IA vers des pages de fond : guides, FAQ, articles piliers, ressources pratiques.
Pour résumer
- LLMS.txt impose de ne pas tout montrer, mais de tout assumer.
- Le SEO d’après ne vise plus à maximiser l’indexation, mais à clarifier l’intention.
- Ce fichier matérialise un virage éditorial, où chaque page listée est une promesse. • Dans un Web saturé, signaler la lisibilité devient un acte de différenciation.
- Il ne s’agit plus d’apparaître, mais d’être repris, cité, compris sans détour.
- L’ère du SEO industriel touche à sa limite face à l’inférence générative.
- Une page bien conçue vaut mieux qu’un millier à moitié digérées.
- LLMS.txt n’est pas une mode, c’est un tournant discret mais décisif.
- Le futur du SEO appartiendra à ceux qui savent choisir ce qu’ils montrent.
- Plus qu’un fichier, LLMS.txt est un serment de lisibilité envers les IA.