Pendant des mois, le discours dominant a annoncé la fin du trafic organique avec AI Mode. Le premier test UX dédié aux requêtes transactionnelles nuance fortement ce scénario.
Sur 52 utilisateurs aux États-Unis et au Canada, chargés de trouver un dentiste, un dermatologue ou un cabinet de Botox, 69 % des sessions AI Mode aboutissent à au moins un clic vers un site. Seuls 27 % déclarent se sentir prêts à décider sur la base du résumé IA, les autres poursuivent la recherche sur les sites et les profils sociaux.
Les utilisateurs ne voient pas AI Mode comme un oracle qui dicte le choix, mais comme un point de départ pour constituer une short list.
AI Mode se comporte comme un comparateur intégré
Ce test, réalisé par Frank Olivo, montre qu’AI Mode casse le réflexe “spot n°1 ou rien” : 89 % des participants cliquent sur plus d’une entreprise et, en moyenne, ils consultent 3,7 résultats par session. Seul 1 utilisateur sur 10 se limite à un seul professionnel.
Dans l’interface, l’IA assemble une liste de prestataires perçue comme déjà filtrée. L’utilisateur n’essaie plus de trouver le bon résultat, mais de départager quelques “bons candidats”. Le fonctionnement rappelle davantage un comparateur qu’une page de résultats classique.
Autre signal fort : 84 % des participants font défiler l’écran pour voir l’ensemble de la sélection, alors que seulement 16 % se contentent du contenu au-dessus de la ligne de flottaison.
- Pour l’UX, cela signifie que le premier écran doit surtout rassurer et inciter à explorer la liste, plutôt que forcer une décision immédiate.
- Pour le SEO, l’enjeu se déplace. L’objectif ne se limite plus à viser une première position théorique, mais à obtenir une place stable dans ce “groupe de tête” où l’utilisateur va comparer 3 à 5 options pertinentes.
Local SEO à l’ère d’AI Mode : viser le top 5 et renforcer la preuve sociale
Pour un cabinet médical, un dentiste ou tout service local à forte implication, cette étude dessine une feuille de route assez claire :
- Priorité au top 5, pas au rang absolu : être intégré à la sélection d’AI Mode sur vos requêtes métier + ville devient stratégique. Cela passe par un socle SEO solide (contenus orientés problèmes patients, pages services claires et signaux locaux cohérents) qui aide l’IA à vous identifier comme option légitime.
- Fiche Google Business Profile centrée sur la réputation : dans le test, seulement 21 % des utilisateurs consultent les photos de la fiche (24 % sur le cas Botox). En revanche, 74 % lisent les avis avant de décider.
- Le texte pèse plus que l’image : volume d’avis, fraîcheur, notes, réponses du praticien ou de l’équipe façonnent la confiance. Travailler une stratégie d’avis structurée devient décisif pour gagner le clic depuis AI Mode.
- Micro-contenus qui répondent aux anxiétés : le résumé d’AI Mode et les premiers éléments visibles de votre fiche ou de votre site doivent traiter les vraies questions d’un patient comme la spécialisation, le type de prise en charge, les délais, la transparence sur les tarifs, l’accessibilité et les langues parlées. Quelques lignes bien pensées peuvent suffire à vous distinguer dans la short list.
- Expérience après le clic alignée avec la promesse : comme l’utilisateur visite plusieurs sites, il compare immédiatement la cohérence entre ce que l’IA annonce et ce qu’il voit, c’est-à-dire clarté de l’offre, preuve d’expertise (cas cliniques, témoignages, certifications), parcours de prise de rendez-vous simple, performance mobile. La page d’atterrissage devient la dernière étape d’un tri déjà avancé.
AI Mode ne capte donc pas le trafic le plus rentable : celui des personnes prêtes à payer pour un service. Mais il réorganise la façon dont ce trafic se distribue et impose plus de rigueur sur la réputation et la lisibilité de l’offre.
Pour les acteurs locaux, la question n’est pas de “survivre à l’IA”, mais de devenir l’option évidente au sein de la sélection proposée, grâce à un socle SEO propre et une preuve sociale solide.