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Lizzi Sassman et John Mueller abordent dans Search Off the Record un concept qui obsède les SEO : le « content decay ». Leurs révélations démentent l’idée qu’un contenu ancien nuit automatiquement au référencement et livrent une approche pragmatique de la gestion éditoriale.
Définition pragmatique du content decay
Le content decay désigne la baisse progressive du CTR et de l’intérêt de recherche pour un contenu au fil du temps. Lizzi Sassman le définit comme « du contenu qui décline en intérêt de recherche », observable via Search Console par une érosion lente des performances.
Contrairement aux craintes SEO, Mueller précise : « Le principal problème, c’est que les gens voient ça comme un facteur SEO direct alors que c’est en fait plus stratégique. » L’enjeu n’est pas technique mais éditorial.
Cette distinction fait écho aux évolutions du SEO moderne qui privilégient la pertinence contextuelle over l’optimisation technique.
Ancienneté ≠ obsolescence : le mythe débunké
« Si quelque chose est ancien, ça ne signifie pas nécessairement que c’est mauvais », insiste Mueller. L’exemple frappant : « Quand on regarde du matériel de référence, c’est par définition ancien, et c’est comme si les gens en avaient écrit parce qu’ils l’ont étudié pendant très longtemps. »
L’âge du contenu n’est pas un facteur de classement. Un article de 2005 peut rester parfaitement pertinent si l’information demeure exacte et utile.
Stratégies Google pour le contenu historique
L’équipe Google Search Central gère des contenus datant de 2005 selon une philosophie claire : préserver l’exactitude historique. Sassman, en tant que « bibliothécaire » du site, développe une approche nuancée :
- Conservation des articles de blog historiques : « Je veux conserver cela avec la date de publication originale » pour maintenir l’intégrité de l’archive.
- Bannières contextuelles plutôt que modification : « Ça fait un moment qu’on a publié ça. Certaines de ces choses pourraient être obsolètes » pour alerter sans altérer le contenu original.
- Corrections minimales : uniquement les liens brisés pour préserver l’utilisabilité.
Le piège des mises à jour cosmétiques
Mueller met en garde contre les pratiques trompeuses : « Je vois ça beaucoup sur internet où c’est genre ‘Oh, c’est mis à jour pour 2024’. Et tu regardes et c’est comme ‘Oh, c’est la même liste de télécopieurs qu’il y a dix ans’. »
Cette approche cosmétique s’apparente au clickbait temporel et ne génère aucune valeur utilisateur. L’obsession des dates récentes dans les titres relève de la manipulation SEO inefficace.
Gestion différenciée : blog vs documentation evergreen
L’équipe Google distingue trois types de contenus :
- Articles de blog : conservation historique intégrale avec bannières explicatives si nécessaire.
- Documentation evergreen : mise à jour ou suppression selon la pertinence technique actuelle.
- Études de cas : conservation tant que les fonctionnalités référencées existent.
Cette segmentation rejoint les bonnes pratiques de stratégie SEO qui adaptent le traitement selon la nature éditoriale.
Le dilemme des redirections sémantiques
Discussion technique intéressante sur les « crypto redirects » (terme inventé par Gary Illyes) : « Si vous ne pouvez vraiment pas faire une vraie redirection, vous pouvez faire cette chose appelée crypto redirect, qui est un terme pour fausse redirection. »
Solution de dernier recours quand les contraintes techniques empêchent les redirections HTTP classiques.
Automatisation de l’audit : l’approche robot
Sassman révèle un système d’audit automatisé : « Nous avons un petit robot pour venir nous rappeler : ‘Hey, vous devriez venir enquêter sur cette page de documentation. Ça fait x temps. Venez la regarder à nouveau.' »
Leçon apprise : éviter l’audit groupé qui surcharge l’équipe. Préférer un étalement temporel pour gérer la charge de travail.
Mobile-Friendly Test : cas d’école de dépréciation
Exemple concret des défis éditoriaux : l’ancien Mobile-Friendly Test continue d’attirer du trafic malgré sa suppression. « Les gens vont là-bas et cliquent sur le lien et m’écrivent pour dire que le lien est cassé. »
Solution : page d’atterrissage explicative redirigeant vers le changelog plutôt que suppression brutale. Cette gestion de la transition évite la confusion utilisateur.
Rel=canonical : usage déconseillé pour contenus enrichis
Mueller déconseille le rel=canonical entre version blog et documentation evergreen enrichie : « Le rel=canonical serait un peu sournois là parce que ce n’est pas vraiment la même chose. »
Recommandation : redirection franche ou conservation séparée selon la stratégie éditoriale.
Philosophie générale : éviter la confusion utilisateur
L’objectif prioritaire de Google : « Comment éviter de confondre les gens ? » Les visiteurs doivent comprendre le contexte et adapter leurs attentes selon l’ancienneté du contenu.
« Si quelque chose est ancien et qu’ils le recherchent, ils devraient pouvoir reconnaître : ‘Oh, peut-être que je dois repenser ce que je voulais faire parce que ce que je cherchais n’existe plus.' »
Enseignements pour les stratégies éditoriales
Cette discussion révèle une approche user-centric du content management qui dépasse les considérations SEO techniques :
- L’ancienneté n’est pas un handicap si la pertinence persiste.
- La transparence prime sur l’optimisation cosmétique.
- L’audit systématique doit s’étaler dans le temps.
- La contextualisation protège mieux que la modification.
L’équipe Google démontre qu’une gestion éditoriale réfléchie vaut mieux que les tactiques d’actualisation superficielle. Le content decay n’est problématique que si le contenu devient objectivement obsolète ou trompeur, pas simplement ancien.