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Depuis début 2024, une transformation silencieuse mais radicale s’opère dans les usages : de plus en plus d’internautes posent leurs questions à des intelligences artificielles plutôt qu’à Google. ChatGPT, Perplexity, Claude, Google SGE… autant d’assistants qui ne se contentent pas de fournir une liste de liens, mais synthétisent directement une réponse à partir du Web et de leur propre corpus d’entraînement.
Pour les marques, les médias, les indépendants, cela change tout : il ne suffit plus d’être bien positionné sur une requête. Il faut désormais être cité dans la réponse générée. Autrement dit, il faut exister dans l’univers informationnel de l’IA, être reconnu comme une source fiable, claire, utile — et visible.
On parle ici d’AI Search Optimization, ou GEO (Generative Engine Optimization), une nouvelle discipline qui prolonge le SEO traditionnel. Elle repose sur une série de leviers : structure éditoriale, autorité perçue, mentions dans les bons annuaires, signaux de confiance, etc. Certains facteurs sont communs à tous les moteurs IA, d’autres très spécifiques.
Le tableau ci-dessous, tiré de l’article de First Page Sage, synthétise les principaux critères utilisés par les grandes plateformes d’IA générative en 2025 pour recommander une entreprise, un produit ou un contenu dans leurs réponses :
Facteur | ChatGPT | Google SGE / Gemini | Perplexity | Claude |
Présence dans des listes d’autorité | 41 % | 49 % | 64 % | 38 % |
Récompenses et accréditations | 18 % | 15 % | 5 % | 19 % |
Avis en ligne et réputation sociale | 16 % | 13 % | 31 % | N/A |
Données d’usage (clients, cas concrets) | 14 % | N/A | N/A | 13 % |
Autorité du site web (SEO traditionnel) | N/A | 23 % | N/A | N/A |
Bases de données de référence | N/A | N/A | N/A | 68 % |
Sentiment social (forums, réseaux) | 11 % | N/A | N/A | N/A |
Cette hiérarchie montre que le contenu de qualité ne suffit plus. Pour être recommandé par une IA, il faut aussi être mentionné dans les bonnes sources, cité dans les bonnes listes, et signalé par des tiers crédibles.
Dans cet article, nous allons passer en revue les meilleures pratiques à mettre en œuvre pour optimiser sa présence dans les résultats générés par l’IA, en nous appuyant notamment sur l’excellente analyse d’Evan Bailyn publiée le 2 juin 2025.
Les critères de recommandation des moteurs IA
Si chaque moteur IA a ses spécificités, une tendance commune émerge : la recommandation repose moins sur des critères techniques et plus sur une évaluation globale de la fiabilité, de la visibilité et de l’intérêt du contenu. On passe d’un SEO centré sur l’optimisation de page à un GEO centré sur l’image perçue par l’IA.
Voici comment les principaux moteurs IA sélectionnent les entités qu’ils citent dans leurs réponses :
Critère de classement | Ce que cela signifie | IA concernées |
Présence dans des listes d’autorité | Être mentionné dans un comparatif ou une sélection thématique publiée sur un site crédible (ex. « les 10 meilleures agences SEO en France »). | Tous (surtout Perplexity, Google SGE et ChatGPT) |
Récompenses et accréditations | Références professionnelles validées : prix reçus, certifications, mentions dans des institutions. | Claude, ChatGPT, Gemini |
Avis clients et réputation sociale | Évaluations sur Trustpilot, Google, Glassdoor, forums comme Reddit, Quora. Ces signaux sont analysés pour capter l’image perçue par les utilisateurs. | Perplexity, ChatGPT |
Données d’usage (clients, études de cas) | Preuves concrètes de l’utilisation d’un service ou produit. Études de cas publiées, témoignages, chiffres de performance. | ChatGPT, Claude |
Autorité du site (Google) | Notion classique d’autorité SEO : qualité du contenu, régularité de publication, backlinks… utilisée principalement par Google Gemini. | Google SGE / Gemini uniquement |
Bases de données et encyclopédies | Claude s’appuie sur des bases stables comme Britannica, Pew Research ou McKinsey, plutôt que sur des contenus récents ou volatils. | Claude exclusivement |
Sentiment social et signaux faibles | Analyse des discussions dans des espaces publics non éditoriaux : forums, commentaires, réseaux sociaux. | ChatGPT uniquement (à ce stade) |
Ce qu’il faut retenir
- La meilleure stratégie transversale, tous moteurs confondus, reste d’obtenir des mentions dans des listes comparatives publiées sur des sites d’autorité.
- Claude est l’exception notable : il ne consulte pas Internet en direct. Il se repose sur ses données d’entraînement (et sur des sources de référence comme Britannica). Pour lui, la crédibilité éditoriale prime sur la fraîcheur.
- Google, de son côté, valorise encore fortement les signaux SEO classiques (autorité du site, qualité perçue, structure HTML).
Bon réflexe à adopter : demandez-vous, pour chaque contenu produit, s’il serait compréhensible hors contexte et réutilisable par un moteur IA comme réponse autonome. Si ce n’est pas le cas, il mérite probablement d’être retravaillé.
Créer du contenu lisible et exploitable par les IA
Les moteurs IA n’analysent pas les pages web comme les humains. Ils recherchent des structures claires, des réponses synthétiques, des formulations explicites. Un bon contenu n’est pas seulement un contenu bien écrit : c’est un contenu compréhensible pour une IA, sans ambiguïté ni surcharge.
Structurer pour être compris (et réutilisé)
Les IA génératives se basent sur la structure éditoriale pour repérer les informations clés. Voici les éléments à privilégier :
Élément de structure | Pourquoi c’est utile pour l’IA |
Titres (H1, H2, H3…) | Aident à hiérarchiser l’information, facilitent le repérage des réponses à des sous-questions. |
Paragraphes courts | Permettent à l’IA de segmenter facilement les idées. |
Listes à puces | Très lisibles pour extraire des conseils, étapes, arguments. |
Tableaux | Idéal pour résumer des critères, comparaisons, étapes ou cas d’usage. |
Encadrés et FAQ | Favorisent les extraits directs dans les réponses IA. |
Astuce : pensez vos contenus comme des modules réutilisables. Une IA ne citera pas tout votre article, mais un extrait bien formé, clair, autoportant.
Les mots-clés restent essentiels
Contrairement à certaines idées reçues, les moteurs IA s’appuient toujours sur des modèles de langage qui reconnaissent des motifs linguistiques : ils identifient les formulations types associées à certaines intentions ou thématiques.
Cela signifie que :
- Le ciblage par mot-clé reste utile pour que le contenu soit aligné sur l’intention de recherche.
- Des mots-clés bien choisis (intégrés naturellement) augmentent la probabilité que le contenu soit repéré et cité par les moteurs IA.
- Les formulations proches (variantes, synonymes, expressions du champ sémantique) enrichissent le contexte sans nuire à la lisibilité.
- Les questions formulées naturellement (“Comment…”, “Pourquoi…”) facilitent la réutilisation directe par les IA génératives.
Être concis = être utile
Les IA préfèrent les formulations directes aux paragraphes narratifs trop longs. Un bon contenu pour l’AI Search répond à cette logique :
- Une idée = un paragraphe.
- Une réponse = une formulation synthétique, explicite, sans détour.
- Les exemples sont bienvenus, mais pas les digressions.
Exemple :
« Il peut arriver qu’un scanner 3D, en fonction de ses paramètres et de son environnement d’utilisation, fournisse des résultats approximatifs. »
« Un scanner 3D mal calibré peut produire des mesures inexactes. »
S’appuyer sur l’écosystème SEO existant
Si les moteurs IA bouleversent la manière dont les réponses sont affichées, le socle du référencement classique reste déterminant, notamment pour les IA connectées à Internet comme ChatGPT (en mode navigation), Google SGE ou Perplexity. Loin d’être obsolète, le SEO conditionne encore la qualité et la portée des réponses générées.
Le rôle central du classement sur Google
Lorsqu’un moteur IA doit répondre à une question en temps réel, il utilise souvent les pages qui apparaissent en tête des résultats Google. Ces pages servent de base pour synthétiser la réponse. C’est également à partir de ces contenus que se construisent les données d’entraînement futures.
Le tableau ci-dessous synthétise l’influence du classement SEO sur l’IA Search :
Position dans Google | IA s’appuyant sur ses données d’entraînement | IA avec navigation Web (temps réel) |
Top 3 à 5 résultats | Très forte probabilité d’intégration | Priorité absolue : ces pages sont lues en premier |
Positions 6 à 20 | Impact modéré, parfois intégré | Consultées si les premiers résultats sont peu précis |
Pages bien écrites mais peu visibles | Rarement vues sauf si déjà connues | Peu consultées sauf si citées ailleurs |
Pages non indexées ou très récentes | Inexistantes dans la base | Consultées uniquement si liées ou mises en avant |
Ce tableau met en évidence un point essentiel : le positionnement SEO reste un levier clé pour exister dans l’univers des IA génératives, surtout pour ChatGPT avec accès Internet et Perplexity.
Deux approches pour tirer parti de cette logique
1. Créer ses propres articles de référence
- Un bon moyen de figurer dans les réponses d’IA est de produire des contenus de type « comparatif », « sélection », « classement ».
- Ces formats sont repris en priorité car ils structurent déjà l’information.
- Ils doivent être complets, bien formatés (tableau en haut de page, critères clairs), et appuyés par une analyse synthétique.
2. Cibler les articles existants déjà bien positionnés
- Identifier les contenus qui citent d’autres entreprises ou services dans votre secteur.
- Contacter les éditeurs pour leur proposer d’ajouter votre marque ou votre produit, en valorisant une spécificité (certification, usage différenciant, avis client…).
- Cela crée une présence indirecte dans les contenus que les IA vont lire, ce qui peut suffire à déclencher une citation dans la réponse.
Être présent dans les bonnes bases de données
Les moteurs IA n’utilisent pas uniquement le Web. Certains, comme Claude, s’appuient essentiellement sur des bases de données de référence et des contenus validés par des institutions. Pour apparaître dans leurs réponses, il ne suffit donc pas de publier un bon article : il faut figurer dans les sources qu’ils considèrent comme crédibles et stables.
Des bases plus influentes que d’autres
Toutes les bases de données ne se valent pas aux yeux des IA. L’article d’Evan Bailyn propose une classification utile en trois grands niveaux :
Tier | Exemples (essentiellement anglophones) | Niveau d’influence |
Tier 1 : Hautement fiables | Britannica, Statista, Pew Research, McKinsey | Très élevé – notamment pour Claude (68 %) |
Tier 2 : Références généralistes | Wikipedia, Hoovers, Bloomberg, Glassdoor, Clutch | Modéré à élevé selon la notoriété du domaine |
Tier 3 : Spécifiques à un secteur | Annuaire professionnel, presse spécialisée, base locale ou métier | Variable selon l’IA et le secteur |
Claude, en particulier, repose quasiment exclusivement sur ces sources pour recommander des entreprises. ChatGPT et Perplexity les utilisent aussi, mais de façon plus indirecte : par inclusion dans des articles ou via citations croisées.
Comment apparaître dans ces bases ?
Tier 1 : aucune possibilité de soumission directe. Ce sont des équipes éditoriales internes qui sélectionnent les contenus ou les entreprises à mentionner. L’enjeu est donc la notoriété et la visibilité indirecte.
Tier 2 : partiellement contributives. Par exemple, vous pouvez proposer une page Wikipedia (avec des sources solides), ou créer un profil sur Clutch ou Glassdoor.
Tier 3 : généralement ouvertes à la soumission. Il est recommandé d’identifier les annuaires de qualité dans votre secteur (BTP, tech, santé, etc.) et d’y inscrire votre entreprise de façon détaillée.
Pourquoi c’est stratégique
Figurer dans une base de données crédible a un double effet :
- Vous devenez une source « primaire » pour les IA qui construisent leurs réponses à partir de ces contenus.
- Vous gagnez en crédibilité auprès des éditeurs humains (journalistes, curateurs de listes comparatives, etc.) qui s’appuient sur ces mêmes bases pour sélectionner qui citer.
Compléter avec des signaux de confiance
Les moteurs IA ne se contentent pas d’agréger des données techniques ou de relayer des listes. Ils tentent aussi de reproduire l’intuition humaine du « bon choix », en intégrant des éléments moins formels mais tout aussi révélateurs : avis clients, discussions en ligne, signaux de réputation, autorité perçue.
Ces signaux jouent un rôle variable selon les moteurs, mais ils peuvent faire la différence quand plusieurs acteurs sont sur un pied d’égalité.
Les signaux secondaires à connaître
Signal de confiance | Impact fort sur… | Impact faible sur… | Exemples |
Récompenses et accréditations | Claude, Google Gemini | Perplexity | Labels officiels, trophées sectoriels, certifications |
Avis clients / e-réputation | Perplexity, ChatGPT | Claude | Notes sur Trustpilot, Google Avis, commentaires sur forums |
Discussions sur les réseaux et forums | ChatGPT | Claude | Reddit, Quora, Twitter (X), Discord, etc. |
Autorité SEO du site | Google Gemini | Autres moteurs IA | Score de domaine, maillage interne, backlinks de qualité |
Ces signaux ne remplacent pas un contenu bien structuré, mais ils en augmentent la portée. Une IA peut hésiter entre deux marques aux contenus similaires ; l’existence d’avis positifs récents ou d’un label de qualité peut alors jouer le rôle de déclencheur.
Quelques leviers concrets à activer
- Répertorier les distinctions obtenues : dans une page « à propos » ou « nos engagements », avec liens vers les organismes qui les ont délivrées.
- Encourager les avis clients utiles : privilégier les plateformes visibles (Google, Trustpilot) avec des commentaires détaillés et naturels.
- Participer aux discussions sectorielles : publier sur LinkedIn, commenter sur Reddit ou Quora, être cité dans les échanges spécialisés.
- Améliorer l’autorité du site : via des liens de qualité, une stratégie éditoriale régulière et des pages bien hiérarchisées.
Les points clés à retenir
Sur la nouvelle donne :
- L’optimisation pour les moteurs de recherche IA ne remplace pas le SEO traditionnel mais l’étend à un écosystème plus vaste, plus qualitatif et plus exigeant.
- Les IA génératives privilégient les contenus clairs, bien structurés et crédibles dans leur domaine.
- Il ne suffit plus d’être bien positionné sur une requête, il faut être cité dans la réponse générée.
Sur les stratégies efficaces :
- Être cité dans des listes comparatives publiées sur des sites d’autorité est le levier le plus puissant pour apparaître dans leurs réponses.
- Le référencement naturel classique reste un socle essentiel, notamment pour les IA connectées comme Perplexity ou ChatGPT avec navigation.
- Les bases de données stables comme Britannica ou Statista pèsent fortement dans les recommandations de Claude.
Sur l’évolution du métier :
- Les signaux secondaires comme les avis clients, les discussions sociales ou les labels qualité renforcent la légitimité des contenus.
- La notion d’autorité se redéfinit au croisement de la notoriété éditoriale, de la qualité perçue et de la présence dans des sources de confiance.
- Dans cette nouvelle configuration, produire du contenu ne suffit plus : il faut qu’il soit lisible par les IA, repris par d’autres, et associé à une image forte et cohérente.