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L’optimisation générative des moteurs de recherche (GEO) divise déjà la communauté SEO. Entre promesses de visibilité et scepticisme affiché, difficile de savoir si cette “nouvelle” discipline mérite une place à part entière — ou si elle n’est qu’un autre acronyme clinquant.
Des premiers résultats tangibles
Sur Search Engine World, certains praticiens observent de véritables signaux positifs.
Victoria Shepherd (Healthcare Success) note que les mentions dans les aperçus IA progressent grâce à un balisage structuré (FAQ, MedicalOrganization et Physician), même si les clics restent rares. Elle souligne aussi que les “clics perdus” dans GA4 (–40 à –50 % de trafic) réapparaissent souvent sous forme de citations de marque sur Perplexity ou Bing Copilot. Un balisage fragmenté, en revanche, limite fortement l’inclusion.
Steve Wiideman (Wiideman Consulting) rapporte une hausse de 71,6 % du trafic depuis ChatGPT et +120 % via Reddit en 90 jours. Il insiste : ces visiteurs ne sont pas seulement “curieux”, mais génèrent aussi des conversions. Pour lui, la clé est d’orchestrer la visibilité du site sur plusieurs canaux (forums, réseaux sociaux et contenu partagé), et d’accepter une montée en puissance plus lente que dans le SEO classique.
Nate Henry (Birdeye) met en avant l’importance des schémas locaux et des avis pour apparaître dans les réponses générées par l’IA, un équivalent GEO des signaux traditionnels du SEO local. Selon lui, il faut traiter GEO avec la même rigueur que le SEO : sources, contenu structuré et gestion proactive de la réputation.
Les sceptiques persistent
D’autres restent prudents. Jeff Ferguson (Amplitude Digital) juge qu’“il n’y a rien de nouveau à optimiser”. Selon lui, les aperçus IA reposent sur le même écosystème que le SEO classique et GEO n’est pour l’instant qu’un acronyme marketing.
Même son de cloche pour Ben Fisher (Steady Demand), qui insiste : de bonnes pratiques SEO et business suffisent toujours. Il note toutefois que le feedback direct dans les AI Overviews ou Gemini (via les boutons “pouce”) reste utile pour corriger les inexactitudes. Pour lui, inutile de se disperser : le bon vieux SEO fait encore le travail.
Le vrai défi : la mesure
Là où tous s’accordent, c’est sur la complexité de la mesure. Dixon Jones (Inlinks) pointe l’absence de suivi fiable, puisque les LLM n’activent pas le JavaScript utilisé par GA4. Les logs serveurs ou CDN pourraient redevenir un outil central, comme à l’époque des années 2000, mais rien de vraiment opérationnel n’existe encore. Les mentions, les citations de marque et le trafic direct deviennent des KPI alternatifs.
Nick Stamoulis (Brick Marketing) constate d’ailleurs une hausse des recherches de marque chez ses clients B2B, probablement alimentée par la visibilité dans les réponses génératives. Dave Davies (Weights & Biases by Coreweave) souligne de son côté que les parcours utilisateurs sont encore plus difficiles à suivre. Certains prospects découvrent une marque via des modèles intégrés à des outils comme Cursor AI, avant même d’avoir visité le site.
GEO : un changement de paradigme plus qu’une question de clics
L’arrivée du GEO marque une rupture avec la logique historique du SEO, fondée sur le triptyque classements – clics – conversions. Dans les environnements génératifs (notamment ChatGPT, Perplexity, Bing Copilot et Google AI Overviews), la visibilité ne se mesure plus uniquement à l’acquisition de sessions mais à la fréquence des mentions, citations et reconnaissances de marque.
Ce glissement rapproche le référencement d’une logique d’autorité sémantique et de réputation numérique, où les signaux structurés (schema.org et entités connectées), l’expertise démontrée et la cohérence des sources deviennent des leviers stratégiques.
En réalité, l’E-E-A-T nous avait déjà préparés à ce tournant. Depuis des années, Google a placé la confiance, l’expertise et la légitimité au centre de son modèle d’évaluation. Le GEO en est la mise en pratique : là où l’E-E-A-T posait le cadre conceptuel, le GEO en devient l’épreuve de vérité dans les environnements génératifs.
Les sites qui échouent à prouver leur ancrage dans une entité crédible, à démontrer leur effort éditorial et à s’inscrire dans un écosystème de sources fiables risquent de disparaître des réponses IA, même si leurs contenus sont bien rédigés.