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Une étude révèle un paradoxe inattendu : bien que le mobile concentre plus de 50 % du trafic web mondial, la quasi-totalité des clics issus des IA conversationnelles provient du desktop.
BrightEdge a analysé des milliers de sessions référentes vers des sites de grandes marques mondiales, générées par les assistants IA en mai 2025. Cette étude révèle une fracture inattendue qui remet en question nos certitudes sur l’évolution du SEO à l’ère de l’IA.
Les chiffres qui surprennent
La domination desktop est écrasante sur toutes les plateformes :
- ChatGPT : 94 % desktop vs 6 % mobile.
- Perplexity : 96,5 % desktop vs 3,4 % mobile.
- Bing : 95 % desktop vs 4 % mobile.
- Google Gemini : 91 % desktop vs 5 % mobile.
Seul Google Search maintient une majorité mobile (53 %), grâce à sa position de moteur par défaut sur Safari.
Pourquoi cette fracture ?
Plusieurs facteurs expliquent ce renversement inattendu des habitudes de navigation.
Le piège des aperçus intégrés
Sur mobile, les IA affichent souvent des prévisualisations dans leurs interfaces. L’utilisateur doit cliquer une seconde fois pour atteindre le site source, réduisant drastiquement le trafic de référence.
Des intentions différentes
Les utilisateurs n’abordent pas les IA de la même manière selon l’appareil. Le mobile privilégie l’instantané : réponses rapides, comparaisons express ou découverte de produits. Le desktop mise sur l’approfondissement : recherches documentées, analyses poussées ou sessions de travail prolongées.
L’écosystème Apple
Apple contrôle le comportement de recherche mobile avec Safari. 58 % du trafic mobile Google provient d’iPhone. Un simple changement de moteur par défaut pourrait bouleverser le marché.
Cette influence s’inscrit dans une logique de visibilité cross-canal qui dépasse le référencement classique.
Les opportunités pour les marques
Cette fracture impose une double lecture stratégique : capitaliser sur l’avantage desktop immédiat, tout en préparant l’inversion structurelle à venir.
Tirer parti du desktop (opportunité immédiate)
Les données actuelles orientent vers :
- Du contenu expert et approfondi,
- L’exploitation de l’espace d’écran élargi,
- Une mise sur l’autorité et la profondeur.
Optimiser son SEO avec l’IA pourrait passer par la compréhension de ces préférences desktop.
Se préparer au mobile (anticipation)
Les limitations actuelles suggèrent de soigner l’expérience mobile : sites qui s’adaptent parfaitement aux écrans, chargement instantané et contenus qui vont droit au but.
L’optimisation mobile pourrait prendre une dimension inédite avec la maturation des IA conversationnelles.
Conclusion : ne pas confondre fracture technique et décalage stratégique
Ce déséquilibre desktop/mobile dans le trafic IA ne relève pas d’un bug, mais d’un retard d’adaptation des interfaces et des usages. Tant que les plateformes n’ont pas résolu les limites UX du mobile — et que les utilisateurs n’ont pas intégré les IA dans leurs usages nomades — le desktop gardera l’avantage.
Pour les marques, le risque serait de surréagir aux chiffres actuels et de négliger l’inévitable retour en force du mobile. Car le jour où l’IA conversationnelle sera nativement intégrée dans les OS mobiles, le point d’inflexion arrivera très vite.
La bonne stratégie consiste donc à développer dès maintenant des contenus intelligemment différenciés, à monitorer les évolutions d’intégration mobile (notamment chez Apple et Samsung) et à anticiper une future normalisation des comportements croisés.
Dans l’IA comme dans le SEO, ce n’est pas la donnée brute qui compte, mais la capacité à interpréter les signaux faibles — et à agir au bon moment.